La peinture, c'est comme l'écriture. Face à une toile ou une feuille blanche, qu'est ce que j'écris, qu'est ce que je peins ? En panne d'imagination..... Puis un jour, une image, une photo, une idée germe dans l'esprit et hop, c'est reparti.
J'imagine aussitôt ce que je souhaite réaliser : la forme et la taille de la toile, le choix des couleurs, la place du dessin, sans oublier la ligne d'horizon, le point où va se porter le regard, d'où viendra la lumière, etc.... C'est la première étape que j'appelle "la construction" de la peinture.
Lorsque tout est à peu près cadré dans mon esprit, j'attaque la préparation de la toile : couche de Gesso (c'est une accroche de fond) puis croquis au fusain et première couche de peinture avec les couleurs choisies et diluées pour un séchage plus rapide. Jusqu'ici tout va bien.
Arrive l'étape cruciale, la plus passionnante : Peindre.
Une grande excitation m'envahie ainsi qu'une forte concentration. J'attrape le couteau, en général j'utilise la peinture pure, sans mélange. Je peux mettre deux couleurs différentes sur le couteau et là s'ensuit une lutte acharnée entre couleur, matière, épaisseur, rendu. Je me suis surprise, plusieurs fois à carrément m'énerver sur la toile. Armée de mon couteau, j'ai lacéré celle-ci (ouf il n'y a pas eu de trou) et la lutte a cessé , parfois plusieurs jours plus tard, dès lors que j'ai obtenu satisfaction.
Autant qu'avec un pinceau, on peut "peloter" sa toile, la bichonner, autant qu'avec un couteau il est préférable d'y aller "d'art d'art". Je réserve le pinceau aux finitions, aux détails, à la petite touche nécessaire pour un éclairage parfait et à la signature.
Le couteau permet, lorsque le rendu est médiocre ou la couleur inadaptée, de gratter la peinture à peine sèche, d'attendre et de refaire un passage plus tard.
Je peins avec le nez sur la toile. En prenant du recul, c'est là qu'apparaissent les défauts, les erreurs, les trucs qui clochent... Alors, je prends une photo que je soumets à ma muse spirituelle Nadeige ( allez voir son site Lingenie) qui possède bon et bel oeil acéré pour les perspectives et le dessin, mes deux principaux manquements.
Je note ce qu'il reste à faire, chaque détail. Et re-photo, voir le rendu et j'arrête, je n'y touche plus lorsque je suis totalement satisfaite, voir heureuse, de ma peinture.